La plupart des extinctions d’espèces sont, bien entendu, totalement passées sous silence. Qui se souvient de la Tortue Elephant, disparue des Galápagos en 1890, du Canard de l’Oustallet, disparu des îles Mariannes en 1900, de l’Ara Tricolore, qui s’est éteint en 1885 à Cuba ? Ou encore du Rat de Mac Lear, rayé de la carte des îles Christmas, dans l’Océan Indien, en 1900, ou du Zèbre Quagga, qui s’est éteint en Afrique du Sud en 1878 ?
Il y a peu de monde pour croire qu’il y a eu des Lions en Afrique du Nord jusqu’en 1922 ou des Tigres à Bali jusqu’en 1937. Mais d’autres espèces ont eu une fin qui n’est pas passée inaperçue, tel le Dodo, immortalisé par Lewis Carroll.
D’autres oiseaux n’ont pas eus de chance quant à leur ligne de longévité. Ainsi, en 1844, disparaît le dernier Grand Pingouin de la planète, victime de l’inconscience humaine. Son point faible résidait dans le fait qu’il avait perdu la faculté de voler : quand il se rendait sur des îles de l’Atlantique nord pour y nicher au sol en vastes colonies, il était totalement à la merci d’un prédateur aussi impitoyable et inventif que l’Homme. De plus, sa grande taille en faisait une cible de choix. Les grands pingouins passaient 10 mois de l’année en mer et, seule la nécessité de nicher, pour leur reproduction, les poussait à gagner la terre ferme pour quelques courtes semaines. Les plus anciennes représentations connues du grand pingouin sont les peintures de trois spécimens dans la grotte Cosquer en Méditerranée. En effet, lors de la dernière glaciation, l’aire de répartition du grand pingouin s’est déplacée vers le sud et a englobé la mer méditerranée. Certains espèrent encore que certains spécimens rares et discrets ont survécus à « l’optionnelle » extinction.
Dans la même ligné, au XIXème siècle, le pigeon migrateur était encore considéré comme l’un des oiseaux les plus communs d’Amérique du Nord. En à peine un siècle, pourchassé sans relâche par les Hommes, il a complètement disparu de la surface de la Terre… Nichant en colonies immenses, les individus se regroupaient chaque Automne et migraient vers le Sud. Le grand naturaliste d’origine française John James Audubon, parlant de ces migrations, dit que le ciel s’obscurcissait au moment du passage de ces vols, et que cela pouvait durer plusieurs heures. Une estimation d’un vol, fait en 1810 par le naturaliste Edward O. Wilson, fait état de plus de 2 milliards d’individus ! Les Indiens d’Amérique chassaient depuis toujours cette espèce, mais les colons la voyait d’un très mauvais œil, surtout quand le vol s’abattait sur leurs cultures, et ils entamèrent alors une guerre sans merci. Elle fut de courte durée, puisqu’au XIXème, les effectifs se réduisirent dangereusement. Vers les années 1880, l’espèce n’était plus présente qu’autour des Grands Lacs. En 1899 –seulement– , on observait le dernier oiseau sauvage, tandis que le dernier individu mourrait en 1914 au zoo de Cincinnati. Comment se fait-il que l’Homme ait pu détruire complètement une espèce si abondante en si peu de temps ? Si ce n’est pas là la preuve du pouvoir négatif que peut avoir l’Homme, s’il le désire, sur la biodiversité et notre planète… Sans parler que désormais, avec les moyens techniques actuels, le résultat serait le même en beaucoup moins de temps !
Ensuite, vient l’Huia Dimorphe, qui était un oiseau de Nouvelle-Zélande. Il s’est éteint au cours de l’année 1907. C’est la seule espèce d’oiseaux qui présentait un dimorphisme sexuel au niveau du bec, celui du mâle était long et fortement recourbé, alors que celui de la femelle était plus court et légèrement incurvé.
Et n’oublions pas de citer le Courlis à Bec Grêle, originaire de la Sibérie Méridionale, qui depuis plus de 6 ans ne donne plus signe de vie. Et dire qu’autrefois, il était régulièrement rencontré sur le pourtour méditerranéen… Il hivernait il y a trente ans encore en Afrique du Nord, et ses migrations le poussaient jusqu’à la France ou l’Italie. Victime de la chasse dès le XIXème siècle, ne trouvant plus de zones humides où se poser pendant ses migrations, il a lentement décliné au cours du XXème siècle. Son hivernage au Maroc a cessé au milieu des années 1990, et de rares oiseaux ont été signalés jusqu’à la fin de cette décennie.
Et que serait ce texte sans le fameux Thylacine, ou Loup de Tasmanie. Il y a quelques années, on a annoncé à grands bruits qu’on allait pouvoir le cloner. Pour l’heure, on en est bien loin, et nous n’avons de cette espèce extraordinaire, qui pouvait ouvrir sa gueule à 180°, que des clichés en noir et blanc. Le dernier Thylacine en liberté fut abattu en 1931 et le dernier en captivité mourut le 7 septembre 1936 au Zoo de Hobart en Australie. Il est considéré comme une espèce officiellement disparue de la planète depuis 1986, bien que des observations auraient été faites en Tasmanie et en Australie du Sud-Est dans les années 1960. Des spécimens de Thylacine auraient été observé à plusieurs reprises mais aucune preuve n'a jamais été mise à jour. Et dire qu’il n’avait été découvert, par des Européens, qu’en 1805…
Et pour finir, parlons du Dauphin de Chine, éteint… En fin d’année 2006 ! Ce dauphin mesurait entre 1,40 mètre et 2,50 mètre de long et pesait entre 100 et 160 kilogrammes. Son bec, qui pouvait atteindre 58 centimètres de long, était légèrement spatulé. Il était adapté pour attraper les poissons ou les crabes qui composent sa nourriture. Il vivait en eau douce et seulement dans le fleuve Chang Jiang où il restait encore il y a peu un petit groupe de trois individus, et leur avenir était clair comme de l’eau de roche…
Voilà, ce sont de tragiques extinctions parmi tant d’autres. Selon des calculs mathématiques très approximatifs, le nombre d’espèces qui disparaissent serait de l’ordre de 1 à 3 par heure ! Si ces chiffres doivent êtres pris avec précaution, c’est du fait d’un trop grand… Optimisme. Bien que d’autres sources donnent les mêmes résultats, à peu de choses près, le nombre d’espèces sur Terre étant inconnu, ce sont des résultats approximatifs. Richard Leakey a même récemment avancé le chiffre de 50 à 100 000 extinctions d’espèces par an, dont 10 000 à 40 000 directement liées à l’Homme. Mais le taux annuel d’extinctions pourrait bien être révisé à la hausse…
Source :
http://nepthtys.centerblog.net/3.html
